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Contribution de N°37 - François BRETON

Mon père "Robert BRETON" 

 

Avant-propos
Le 18 novembre 2012 nous avons reçu un message de François BRETON dans lequel il se présentait comme le fils cadet de Robert BRETON qui avait travaillé à la SAT de mai 1957 à juin 1976 et précédemment aux établissements Jean TURCK de mai 1946 à avril 1957. «Je collecte actuellement, disait-il, des informations touchant à mon enfance et j’aimerais rencontrer des personnes ayant connu mon père. Merci de votre aide».

Par chance l’un des webmaster, Jean-Louis LAVOISARD, avait intégré en 1961, le groupe 16 dans lequel travaillait René BRETON. Il lui fut donc facile de dire ce qu’il savait à son sujet et de contacter quelques anciens qui l’avaient côtoyé : Jean TURCK, bien sûr, mais aussi Jean SAGNARD, Pierre LEMAIRE, Monique COLIN (à l’époque Mlle MAGERMAN), plus tard Claude GANDILLON initialement oublié.
 
J-L LAVOISARD raconte :
« Je me souviens que Robert BRETON travaillait à l’époque sur les émetteurs et les récepteurs de télécommande, avec Pierre LEMAIRE, Roger BARON et Jean PROCHAZKA dans une équipe dirigée par Fernand FONTAINE. Jeune ingénieur, je l’ai fait travailler à l’intégration d’un bâti de test destiné à contrôler les équipements de réception et démodulation des stations de réception de télémesure AJAX. Technicien expérimenté, il n’entretenait pas, avec moi, nouvellement embauché, des relations très … étroites ! Je savais donc très peu de choses sur lui, mais conservais, par contre, le souvenir de son intérêt pour toute sorte d’animaux étranges qui étaient rapportés des déplacements de certains techniciens à COLOMB BECHAR ou HAMMAGUIR (par exemple, une gerboise qui est restée près d’un mois au laboratoire du 4ème étage, ou encore un lézard des sables qui refusait tout mouvement, y compris lorsqu’un technicien un peu sadique, lui posa son fer à souder sur la queue !
 
Comme M. Jean TURCK m’avait fait l’honneur de me donner un exemplaire de ses mémoires « Je me souviens … », je pus lui préciser quels avaient été ses premiers contacts avec Robert BRETON, à l’occasion de leur service militaire à la 13ème compagnie du Génie, en 1932, au centre d’émission de la Tour EIFFEL.
 
Les autres personnes contactées avaient toutes, curieusement, plus de souvenirs des activités non professionnelles de Robert BRETON que de ses activités au sein des établissements TURCK et à la SAT. Les contacts ayant été établis, François BRETON parvint à obtenir des informations complémentaires auprès de certains et il n’hésita pas à se déplacer dans le Var, pour rencontrer Pierre LEMAIRE, et à PARIS où Jean TURCK put lui faire part de ses lointains mais toujours très vivaces souvenirs.»
 
François BRETON nous a fait parvenir le texte ci-dessous dans lequel il complète, la connaissance que nous avions de son père.
 
 
Robert BRETON  au pupitre d'une télécommande 
 
 
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Mon père "Robert BRETON"
 
Je suis le fils cadet de Robert BRETON, qui fut employé à la SAT de mai 1957 à juin 1976. Avant cela il était aux établissements Jean TURCK, depuis Octobre 1946. Un pionnier en quelque sorte. Mais s'il a quelque peu marqué les mémoires de ses collègues, c'est avant tout pour ses passions extraprofessionnelles. Voici un petit résumé, de ce qui a marqué l'enfant que j'étais :
 
Il y avait d'abord sa pratique de radio-amateur, qui datait des années 30. Les murs du petit réduit qui luiservait de bureau-labo-atelier étaient couverts de cartes QSL, de celles qu'il recevait suite à un contact, généralement fugitif et en morse, avec tel ou tel amateur des quatre coins du monde. Moi, dont le lit se dépliait chaque soir dans la pièce juste à coté, je m'endormais aux sons chaotiques du QRN (bruit de fond des ondes) traversé périodiquement par les CQ (appel général) que mon père lançait de par le vaste monde électromagnétique.
Et puis il y avait la photographie : la pièce plongée dans le rouge sombre, le papier noyé dans le bac de révélateur, et l'image qui prenait forme, lentement.
 
Il y avait le cinéma 8mm et les séances de projection avec Charlot, Mickey-Mouse, Laurel et Hardy.... mais surtout avec les films que mon père faisait lui-même avec sa caméra ERCSAM. des films sur les petites bêtes que nous allions chercher dans les bois, les rivières, et les prairies des alentours de Paris : insectes (grillons, phasmes, dytiques, mantes-religieuses, larves de libellules...), batraciens (tritons, salamandres, têtards), et même une couleuvre que nous avons gardé quatre ans et que nous nourrissions de vairons et de grenouilles, dans une petite baignoire en zinc qu'on remontait spécialement de la cave pour l'occasion. Tout ce petit monde était réparti dans divers aquariums, et c'était fascinant de les nourrir et de les voir se reproduire, de l'accouplement à la naissance des petits. Et mon père filmait tout ça, puis en faisait des montages, avec une bande son à part et des commentaires écrits. J'ai encore tout cela dans un carton, avec même ses notes sur les réglages de chaque prise de vue. Il gardait tout.
Il avait notamment filmé la métamorphose d’une libellule et, ayant donné une copie du film au Muséum d’histoire naturelle, y avait ainsi acquis des droits d’accès, qu’il utilisait, pour savoir comment nourrir certains animaux. Quelle ne fut pas la surprise de ses collègues de le voir nourrir une gerboise avec des coquillettes « crues » ! (ndlr)

 

Mais le clou, concernant les insectes, était peut-être la ruche sur la fenêtre des WC (à Ménilmontant !), avec un fond vitré qui permettait de voir dedans... Des ruches, il en avait d'ailleurs d'autres, en vallée de Chevreuse, avec lesquelles il effectuait des expériences un peu mystérieuses consistant à marquer certaines abeilles d'un point de peinture sur le dos.

Il faut aussi parler de sa passion pour l'astronomie, qui l'avait conduit à construire une grosse lunette qu'il emportait en vacances, dans le midi. On pouvait voir les anneaux de Saturne, les satellites de Jupiter, les cratères sur la Lune, et les taches du soleil (par projection sur un écran). On est même descendus en Provence en Février 1961 pour voir (et photographier) l'éclipse totale de soleil... Une splendeur !
 
Et pour finir en beauté : le petit train électrique !
On construisait un réseau de rails à travers tout l'appartement, avec des feux rouges, des aiguillages, des viaducs, et des gares dans chaque pièce, reliées entre elles par téléphones (trouvés à la foire à la ferraille, en surplus de l'armée). L'installation restait en place plusieurs jours, et pour déplier les lits, il fallait désolidariser certains tronçons. Qu'importe, on replaçait tout au matin, et en voiture !
Voila... J'en ai certainement oublié, mais il faudrait un livre entier pour en parler (ce qui d'ailleurs est en chantier...)
 
François BRETON

 

 

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