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Contribution de N°08 - Max JUZAUD

 Le réseau de Télécom de Djibouti

 
Nous sommes a peu près au milieu de l’année 1980, la SAT est contactée par l’Administration des PTT de ce pays pour participer a un appel d’offres concernant la création d’un réseau téléphonique devant relier Djibouti aux principaux centres d’intérêts de cette région desservis uniquement par des lignes aériennes en plus ou moins bon état.
Un survey préliminaire est nécessaire pour fixer en accord avec l’Administration les points exacts des emplacements où seront placés les bâtiments et les pylônes dans les localités à desservir.  
En accord avec Pierre Alexis EPAULARD, je me rends à Djibouti avec un Ingénieur des services Techniques pour procéder à ce survey.    
Il n’y a qu’un seul hôtel, un Sheraton est en voie de terminaison, "Les Relais" appartenant à Ai France dont  la quasi-totalité des chambres est réservées pour les équipages des Compagnies aériennes qui y font des "Night Stop" il faut obtenir l’accord du Chef d’ Escale; coup de chance c’est le fils du Directeur Air France à Athènes que j’ai très bien connu; ce point étant réglé, je joins le Ministère des PTT et prend rendez-vous pour le lendemain.  
Nous sommes reçus du bout des lèvres par le conseiller, français, du Ministre qui nous introduit auprès de lui et des différents services concernés, nous sommes arrivés après la Thomson-CSF qui a réussi à fermer quelques portes…….heureusement je rencontre par hasard Jean-Louis DOUAT le Français en charge de la station hertzienne précédemment  à Bamako et tout s’arrange; on nous procure les cartes et les autorisations nécessaires ainsi que le 4x4 indispensables pour nous rendre sur les lieux car il faudra pour la plupart traverser les déserts du Grand Barra et du Petit Barra.

Les liaisons envisagées avec une dizaine de voies MIC pour chacune des stations sont :

 

 - Djibouti – Atar qui est sur une hauteur à environ 40 km de Djibouti et où se trouve le casernement de la Légion Etrangère !
- Atar – Hol hol – Ali Sabieh – Dikil au sud-est de Djibouti tout proche de l’Ethiopie,
- Atar – Tadjoura – Obock toutes deux situées au Nord de Djibouti en traversant le golfe de Tadjoura.
Par ailleurs, chose importante pour la suite de mon récit le financement est assuré par un Fond Arabe.
Nos travaux terminés, nous offrons un pot aux personnes qui nous ont aidés et nous rentrons sur Paris après deux ou trois bains excellents dans les superbes eaux de la Mer Rouge.
La proposition technique est établie par le Département de Mr CHAUMONT et je m’occupe du chiffrage avec la bénédiction de MM. PLANTIER et EPAULARD. Le problème crucial est celui des pylônes : un autostable de 20 mètres à Djibouti et des haubanés de 20 mètres également partout ailleurs. En France Camusat et Guegen sont en cheville avec Thomson-CSF et la Spie est chère. La solution c’est la Société de Télécommunications Africaine (STA) de mon ami GOUYOU à Abidjan si il trouve un moyen de transport pas trop onéreux, le service achat de la SAT se fait un peu tirer l’oreille, mais finalement c’est la solution adoptée; si nous avons l’affaire, un de ses chefs monteurs ira à Djibouti pour superviser les montages des pylônes.          
Le matériel noble envisagé est le FHD28 équipé à l’origine avec les voies MIC pour chacune des stations du faisceau hertzien, les énergies nécessaires sont disponibles pour toutes les stations.   
Environ trois mois après c’est la remise des plis, je me rends de nouveau à Djibouti avec le nombre demandés d’exemplaires de la proposition, plus un par sécurité avec moi en cabine.
La remise des plis à lieu le lendemain en présence des soumissionnaires et je retrouve mes concurrents habituels Thomson, TRT, et SIRTI Italienne, à ce stade nous sommes les moins disants, Thomson-CSF à 2 ou 3% derrière nous, TRT légèrement plus et la SIRTI dans les choux. Je n’ai plus le montant en tête mais, compte tenu de l’éloignement des travaux  et les frais d’acheminement, il est assez élevé.
Le lendemain tout le monde rentre chez soi et l’attente de l’examen financier et technique commence, silence radio pendant de nombreuses semaines et un beau jour, un courrier laconique nous apprend que l’affaire pour des soi disantes raisons techniques à été attribuée à la Thomson-CSF qui en fait je l’ai appris par la suite avait par combine modifié ses prix; dommage l’enfant se présentait bien et pas mal d’extensions sans concurrence étaient très facilement à prévoir.
Environ deux mois après ce courrier, la secrétaire de Pierre Alexis EPAULARD me dit : "on vous demande au téléphone" et me passe une communication téléphonique en provenance d’Arabie Saoudite; je la prends et un certain A. se présente comme le Directeur du Fond Arabe  pour Djibouti et me demande si le réseau téléphonique de Djibouti intéresse toujours la SAT et que si c’est le cas je vienne le rejoindre à Riyad; il me laisse ses coordonnées et raccroche. Je file voir P.A.EPAULARD et lui raconte l’histoire, sa réaction est celle que j’attendais; il me dit : "vas y le plus vite possible".
Le surlendemain j’étais dans l’avion et arrivé sur place appelle A, qui me dit ne pas pouvoir me voir immédiatement, mais que je lui indique le nom de l’hôtel où j’étais et qu’il viendrait me rejoindre ultérieurement; finalement deux jours après il se présente et nous nous rendons dans ma chambre, il sort un document et, me le tendant, me dit : "c’est le contrat signé par l’Administration de Djibouti et la Thomson-CSF pour le réseau en question, mais je ne l’ai pas encore approuvé car les gens de la Thomson ne sont pas venus me voir……… si cela vous intéresse vous le prenez avec vous, vous vous alignez financièrement à quelques centaines de francs en dessous et vous me le rapportez à Djibouti où je le ferai approuver et signer par le Ministre des PTT, mais cela vous coûtera 10 %" !!!!!!!!!!!!!!
Je rejoins la SAT avec ce document et avec l’accord de M.PLANTIER, j’établis un contrat sur la base demandée; comme d’habitude pour tous mes contrats africains j’avais prévu un pourcentage de "douceurs", mais cette fois ci elles sont plus élevées; je retombe sur mes pieds avec l’aide de P.GOUYOU qui nous accorde une bonne réduction sur ses prestations.
Quelques jours plus tard je suis à nouveau à Djibouti avec mon contrat que tout le monde va signer sans sourciller.
Les travaux se passent parfaitement; les extensions à des prix intéressants, puisque sans concurrence, pleuvent; tout le réseau passe en 120 voies; deux autocommutateurs Telcom sont livrés pour les militaires de Djibouti ainsi que mal de kilomètres de câble à paires symétriques, et dans la foulée une liaison FHD 28 pour relier la station spatiale à la capitale,  le tout bien sur avec la bénédiction Arabe…
Le Ministre est devenu un ami et m’a reçu en grande pompe chez lui, avec un excellent whisky alors qu’à l’extérieur c’est au maximum du Coca Cola.      
Je ferais un grand plaisir au voyageur qu’était Roger BOUCHARD en l’invitant à la réception que nous avons donné à l’hôtel Sheraton pour la recette provisoire des matériels qui s’est passée sans restriction, comme sur des roulettes .         
Cet épisode de mes activités m’aura beaucoup marqué et je remercie la Direction de la SAT qui m’a permis de connaître ce pays qui est parmi les plus sympathiques de tout le continent Africain.
                                                                                                                            J.Max Juzaud      

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