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Contribution de N°51 - Bureau de l'Association

Quinze ans après ....
la presse parle encore de nous !
 
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Un journal local 13ème arrondissement de Paris - LE 13 DU MOIS - a publié un dossier rappelant l'évolution de cet arrondissement au cours du 20ème siècle.
 
 
Les rédacteurs ont utilisés les souvenirs des habitants du 13ème et tous les documents auxquels ils ont pu avoir accès.
Notre camarade Francis RAPHAL après avoir transmis ses souvenirs leurs a indiqué l'existence d'un ouvrage relatant l'histoire de la SAT au cours de ce siècle ainsi que la mise en ligne sur Internet du site de notre Association. Notre bureau a donné l'autorisation d'utiliser ces sources et quelques souvenirs et photos complémentaires ont également été transmis directement par le secrétariat. 
 
 
 
En raison du peu de temps qui restait disponible avant la date prévue de bouclage de ce N° 44, le texte publié n'a pas pu être relu et complété par notre bureau. Il nous a semblé judicieux de reproduire ci-dessous, le texte amendé qui "collera" sans doute de plus près aux souvenirs de ceux qui ont travaillé à la SAT.
Les parties de textes amendées figurent en caractères italiques rouges dans le texte ci-dessous.
 
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Avant Paris Rive Gauche (nom donné au nouveau quartier situé entre la Seine et la ligne SNCF-RER), avant Chinatown, les Olympiades et Italie 2, le 13e était industrieux. Les usines et ateliers de toutes tailles y prospéraient. Ses rue et cafés étaient fréquentés par des milliers d’ouvriers. Un passé pas si éloigné que cela mais dont les traces ont en grande partie disparues.
Quelques chiffres valent parfois mieux qu’un long discours : en 1954, alors même que certaines usines sont déjà sur le départ, près de 40% des actifs du 13e sont des ouvriers. Parmi eux, 17,6 % sont des ouvriers spécialisés (OS) ou des manœuvres, et 21,3 % sont contremaîtres ou ouvriers qualifiés, soit un peu plus que la moyenne de la capitale. Comme ses voisins les 11e, 19e et 20e, le 13e arrondissement est un territoire franchement industriel.
Il l’était avant même d’exister. En 1860, quand Paris s’agrandit en arrachant les quartiers Glacière et Maison-Blanche à Gentilly et le quartier de la Gare à Ivry, le faubourg Saint-Marcel suffoque déjà dans les effluves des tanneries, mégisseries et teintureries, qui polluent la Bièvre. À part la manufacture des Gobelins, on est encore très loin de l’industrie de masse.
Sur les berges de la Seine en revanche, plusieurs fabriques « modernes » ont planté leurs cheminées. La première serait la verrerie SAGET, dont l’existence est attestée peu après la Révolution. Installée sur l’actuel quai de la Gare, elle profite de la proximité du fleuve, qui transporte le bois qu’elle brûle dans ses fourneaux. Dans ce paysage encore très campagnard, d’autres usines fabriquent de la céruse, de la mélasse, de la gélatine… En 1832, Louis SAY rachète la raffinerie de sucre créée sept ans plus tôt sur l'ancien chemin d'Ivry (le futur boulevard de la gare). Son entreprise, aussi célèbre pour la dureté de ses conditions de travail que pour ses œuvres sociales, produira du sucre en morceaux jusqu’à la fin des années quarante. Monique Bouche, qui habite encore le quartier, se souvient de ses murs « noirs et laids ». Toujours au rayon « alimentaire », l’arrondissement a aussi abrité pendant des années la chocolaterie LOMBART, avenue de Choisy et les Grands Moulins de Paris près de la Seine.
 
LA PREMIERE USINE AUTO AU MONDE
Durant la seconde moitié du 19e siècle, révolution industrielle oblige, les usines débarquent en force, surtout dans les quartiers Gare et Maison Blanche. L’embarcadère de la Compagnie des chemins de fer d’Orléans, future gare d’Austerlitz, et les terrains pas chers attirent les patrons qui ont besoin de place pour leurs nouvelles activités. C’est le temps de la métallurgie et de la mécanique. En 1874, la société de machines à bois PÉRIN-PANHARD achète une grande parcelle du côté des avenues de Choisy et d’Ivry et du boulevard Masséna. À cette époque, il n’y a là que des friches et quelques masures. En 1891, devenue PANHARD-et-LEVASSOR, la société crée une voiture équipée d’un moteur Daimler et ouvre la première usine d’automobiles à pétrole du monde au 16 de l’avenue d’Ivry. Ses ateliers emploieront jusqu’à 6 000 ouvriers.
Peu de temps après PANHARD, en 1894, Emile DELAHAYE, ingénieur-mécanicien qui a travaillé dans le matériel ferroviaire, se lance lui aussi dans l’automobile. Au 10 rue du Banquier, jusqu’à 2 000 employés construisent des voitures, des charrues, des véhicules pour l'armée et du matériel d'incendie, dont la marque DELAHAYE a le monopole pendant cinquante ans.
Autour de ces grosses entreprises s’agglutine toute une armée de sous-traitants, petits ateliers de métallurgie, de pièces de précisions, de mécanique, de carrosserie qui font travailler toute une autre armée d’ouvriers.

DES FLEURONS DE L’ÉLECTROMÉCANIQUE
À l’aube du 20e siècle, le 13e voit arriver des entreprises spécialisées dans les technologies de pointe, qui emploient des ouvriers plus qualifiés. Boulevard Kellermann, La Société industrielle des moteurs LE RHÔNE, bientôt GNÔME-et-RHÔNE, façonne des moteurs d’avion dès 1910. Le vacarme de ses bancs d’essais est tel, qu’il résonne dans tout le quartier. En 1945, elle est nationalisée. Renommée Société Nationale d'Étude et de Construction de Moteurs d'Avion (SNECMA), elle va jouer un rôle important dans le développement de l’aviation civile et militaire française. L’Association des Ouvriers en Instruments de Précision (AOIP), créée en 1897 dans le quartier Plaisance (commune de Vaugirard), ouvre, elle, des ateliers rue Charles-Fourier dix ans plus tard. Elle y fabrique des équipements photographiques, des appareils de mesure puis ultérieurement des téléphones et des centraux téléphoniques. Fait rarissime à l’époque : c’est une coopérative, gérée par ses employés et donc fortement en avance sur les questions sociales. Une caisse de retraite existe dès 1917, des congés payés sont versés dès 1926 et indemnité maladie à partir de 1930 ! 
En 1908, l’entreprise EURIEULT entreprend la fabrication de postes téléphoniques dans un atelier construit au 41 rue Cantagrel, mais le cède, à l’issue de la guerre, à la Société des Téléphones GRAMMONT, qui y transfère quelques années plus tard la production de ses lampes « radio » FOTOS utilisées pour les télécommunications militaires et civiles puis les premiers récepteurs radiophoniques. En 1932, le groupe GRAMMONT y installe les laboratoires et ateliers d’outillage de la Société d’Applications Téléphoniques (S.A.T) qui conçoit et commence à fabriquer des câbles téléphoniques pour le compte des PTT, dans la câblerie de RIOM appartenant à la Compagnie des Signaux et Entreprises Electriques (CSEE). Reprise en partie par SAGEM en 1939 celle-ci est renommée Société Anonyme de Télécommunications et produit également différents équipements permettant la transmission à grande distance sur câbles. Au lendemain de la seconde guerre mondiale, la SAT connaitra un grand développement de ses productions et elle s’étalera progressivement tout au long de la rue Cantagrel, du 41, au 16, au 32, et au 58 pour y étudier et réaliser les prototypes de nouveaux équipements (multiplexeurs, faisceaux hertziens, modems, commutateurs) tandis que la production se poursuit à Riom, Montluçon, puis dans de nouvelles usines en province (Lannion, Dinan, Bayonne, Dourdan, Poitiers).
Emplacement où sera construit le bâtiment du 32, aujourd'hui disparu.
 
Soucieuse de se diversifier, elle rachète l’entreprise Jean Turck, spécialisée dans la détection et le guidage par infrarouge mais aussi dans les équipements de télémesure et télécommande pour avions et engins de défense, et crée une division aérospatiale. À son apogée, elle emploiera jusqu’à 3 300 personnes et occupera différents locaux alentour : rues Charcot, du Chevaleret, du Château des rentiers, de Reims, boulevard Massèna, avenue de Choisy et dans ses dernières années une grande partie de ce qui est aujourd’hui le « Bioparc ».
 Atelier de câblage du 41 dans les années 60.

Des exemples comme ceux-là, il y a plein d’autres : Thomson, Philips, etc. Impossible de les citer toutes, tant chacune de ces entreprises, des mastodontes aux plus petites, mériterait un livre à elle seule.

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Le CE payait des vacances à la neige !
 
Témoignage de Francis RAPHAL, dessinateur industriel, puis ingénieur
à la Société Anonyme des Télécommunications (SAT) de 1959 à 1998.
« Pendant l’âge d’or, dans les années soixante, il y avait une grosse pénurie de main d’oeuvre. Vous vous présentiez le matin, et on vous embauchait le lendemain. En 1959, les techniciens travaillaient 45 heures par semaine sur 5 jours. Les ouvriers, 49 heures. Moi, je faisais 8h30 – 13 heures, 14h – 18h30. On mangeait à la cantine. On pouvait apporter son vin et il y avait des casiers pour les serviettes. Les salaires et les primes étaient excellents : le 14 juillet, on touchait 17% de ce qu’on avait gagné l’année précédente. En fi n d’année, on avait 5% supplémentaires, plus une enveloppe au mérite. Le tout net d’impôts ! Le comité d’entreprise payait des vacances à la neige. Les patrons étaient assez paternalistes. Du coup, les mouvements sociaux étaient assez rares, sauf, bien sûr en mai 68, où on a bloqué comme tout le monde. »
 
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Panhard-et-Levassor : la naissance d’un mythe
C’est l’histoire d’un couple qui part en goguette à bord de la toute première voiture à moteur. En 1891, Émile Levassor a 48 ans. Il vient de lancer, sur le tard, son industrie de moteurs automobiles en s’associant avec son ami René Panhard. Ensemble, ils ont bien déjà fait rouler leurs prototypes vers Boulogne et Versailles, mais pour lancer leur marque, il leur faut du lourd, un trajet qui impressionne les foules.
                           Des pointes à 17 km/h !
Le 31 juillet, Émile et sa jeune épouse Louise ont l’idée de pousser jusqu’à Étretat. L’occasion de voir la mer et tant qu’à faire, d’inscrire le nom Levassor en lettres d’or dans l’histoire de l’automobile. Le couple s’élance sur les routes à bord d’une voiture type "dog-cart" équipée d’un moteur central mais pas encore d’un volant : à la place, une grande barre de fer appelée « queue de vache ». Deux jours plus tard, Émile et Louise arrivent à bon port. C’est le voyage de tous les records : 225 kilomètres parcourus à une vitesse moyenne de 10 km/h et même quelques pointes à 17 km/h !
L’ingénieur avait vu juste : entre octobre et décembre cette même année, l’entreprise vend six exemplaires de la première série automobile au monde. C’est le fameux modèle P2D, sur lequel trois corps de métier se sont succédés : les menuisiers pour les roues, les métallos pour le châssis et la carrosserie et les mécaniciens pour le moteur. L’âge d’or de la maison Panhard-et-Levassor est officiellement ouvert. Elle emploiera jusqu’à 6 000 ouvriers.
Catherine Vialle,
 « Je me souviens du 13e arrondissement »
Parigramme, 2001. 
 
 
Le lecteur intéressé consultera avec intérêt ce N°44 du journal "Le 13 du mois" rappelant les problèmes de logement qu'entraina l'arrivée de la main d'oeuvre dans cet arrondissement, ainsi que la rénovation puis l'explosion de la construction qui de poursuit encore de nos jours.
 
Son site internet : www.le13dumois.fr 

 


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