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Contribution de 06 - Alain MENNEGLIER

Ma carrière à la SAT
 
Je suis entré à la SAT début 1953 et affecté directement au Service Etudes Générales dirigé par M. VERGES. Le service comprend alors une vingtaine de personnes parmi lesquelles :
  • Mmes COLLELLA et POTTEAU
  • MM. DELEBECQUE, DURAND, DUBURE, Xavier LABADIE, LAPLANTELIN, MAYET, PITOIS, SUARD.
Après la construction du bâtiment du 16 rue CANTAGREL en 1954, le service s’installe dans ce nouveau bâtiment et s’enrichit de MM. GUILLON et Jean LABADIE.
Les activités du service concernaient alors pour MM. LAPLANTELIN et DUBURE :
  • définition de l’aménagement intérieur des pots « Pupin » et des pots de raccordement des câbles,
  • dessin des moules pour fabrication des pots ferrites,
  • définition des équipements destinés à l’imprégnation des composants et équipements,
  • très accessoirement le dessin des grilles de clôture du 16 et plus tard du 32 !
M. PITOIS se chargeait de la mise au point des condensateurs mica pour lesquels on recherchait la composition idéale de la pâte d’argent destinée à la métallisation des lames,
M. SUARD, le chimiste, participait à cette recherche, mais travaillait surtout à la définition des poudres métalliques destinées au moulage-fritage des pots ferrites. Ceux-ci étaient réalisés dans un atelier de VITRY, mais assez rapidement la fabrication fut transférée à MONTLUÇON.
M. DELEBECQUE poursuivait l’étude, la réalisation et la mise au point du prototype de la machine destinée à produire les câbles coaxiaux à « isolation ballon ».
Une activité annexe était la conception de différents équipements nécessaires à la fabrication des « quartz » et des montages optiques demandés par le professeur BARCHEWITZ pour la faculté des sciences d’ORSAY.
A cette époque, la renommée de la SAT bénéficiait de la réussite du marché «Argentine»! Quelques temps plus tard, les riverains de la rue CANTAGREL furent surpris de voir livrer un troupeau de mulets dans nos mûrs; ils étaient destinés à l’acheminement sur place du matériel à mettre en place pour la liaison « Italie – Grèce – Turquie ».
 
En octobre 1959 je rejoignis l’atelier pilote, créé par M. LEBEDINSKY, directeur technique, dont le but était la réalisation du premier matériel « transistorisé » sur circuit « imprimé » ! Cet atelier sous la responsabilité de Jacques ROGER comprenait Mme JOLION et quelques ouvrières très motivées. De nombreuses tâches jusque là méconnues furent alors imaginées et mises en œuvre :
  • définition avec le laboratoire et le bureau de dessin des contraintes imposées par l’utilisation de circuits imprimés (découpage en blocs fonctionnels assemblés et interconnectés sur une carte de base),
  • prévision et placement des points de coupure et de réglage en extrémité de « carte » afin de les rendre accessibles après le remplissage par le « pyromousse »,
  • résolution de tous les problèmes liés à l’utilisation de ce pyromousse : définition des moules, fixation et protection des bobinages (inductances et transformateurs), aménagement de « réserves » pour mise en place des composants rajoutés après l’opération de remplissage ou encore réglage.
Ces travaux donnèrent naissance au premier équipement de transmission de 12 voies téléphonique transistorisé modèle 60C qui fût suivi par la suite d’autres équipements issus de la technologie développée à cette occasion.
 
 
 
REMARQUES 
Le connecteur 19 points fut mis au point par les dessinateurs du Service Technique sous le contrôle de messieurs ROUSSEL et STASSEN.
Les transistors « français » SIFTRA, les seuls homologués à cette époque par les P.T.T., provenaient d’une structure extérieure plus ou moins associée au Groupement SOCOTEL et résultaient des premiers développements de la SAT dans ses laboratoires de CACHAN.

 
A l’issue de ce projet, l’atelier pilote fut transféré au rez-de-chaussée du 16 rue CANTAGREL et devînt la Section Technologie Spatiale qui se consacra particulièrement aux générateurs solaires et à la fabrication des équipements de télémesure et télécommande de satellites. Outre les activités relatives aux générateurs solaires qui font l’objet du chapitre suivant, la mise au point des techniques d’assemblage des composants électroniques pour applications spatiales se poursuivirent sous l’impulsion initiale de M. EDIBE :
·         soudure électrique avec rubans de nickel pour assurer l’interconnexion,
·         montage en « fagots » initialement avec support « mylar » et rubans de nickel, puis avec câblage imprimé simple ou double face,
·         soudure des premiers circuits logiques intégrés (TEXAS INSTRUMENTS) ; les « pattes » en kovar étaient soudées à plat, électriquement sur un circuit imprimé en ferro-nickel,
·         utilisation systématique de rubans de kovar soudés électriquement pour raccorder les sous-ensembles fonctionnels.
Les problèmes relatifs à la qualification des méthodes d’assemblage, d’identification des défauts de composants (« peste rouge » des transistors et circuits intégrés, décollement de métallisation des quartz, etc.,) ou de leur assemblage (soudures « soufflées ») nous amenèrent alors à acquérir une installation de radiographie aux rayons X de grande définition qui fut installée à CACHAN.
Quelques années plus tard après l’abandon de ces activités spatiales par la SAT, c’est vers la fabrication des fibres optiques et leur utilisation que se tournèrent les activités principales de cette section (ou groupe 12). L’arrêt des activités spatiales, eût pour raison principale la constitution de consortiums européens pour répondre aux appels d’offres dans lesquels la SAT ne pût trouver place. En effet la part financière trop importante que prenait la France dans la réalisation des satellites européens et INTELSAT interdisait à la SAT de s’allier avec MATRA ou SNIAS ; quant aux étrangers, ils s’adressèrent ailleurs pour développer une expertise qui leurs faisait défaut.
 
Les Générateurs solaires
 
Les premières piles (2cm x 1cm) ont été réalisées au 41 avec des moyens artisanaux. La fabrication proprement dite fut rapidement transférée à LANNION.
Un accord avait été négocié avec HELIOTEK (USA) concernant l’assemblage des piles et la fourniture d’étalons destinés au contrôle de leur rendement. Sous la responsabilité de Jacques ROGER, travaillèrent sur ce sujet MM. CHABRILLAT, FREMY, SERRE et moi-même.
Le premier projet concerna la fourniture de générateur solaire pour le satellite français D1. Roger GAUTIER fut responsable de la réalisation et de la présentation au CNES. Les perspectives de développement de l’activité entraînèrent la décision d’installer une grande SALLE BLANCHE au 32.
MM. BERNIERES et COUDERC rejoignirent le groupe quelques temps avant le démarrage du projet SYMPHONIE.
La SAT a fourni les générateurs solaires des satellites suivants :
  • D1A-D1B-D1C, puis D2A-D2B pour le Centre National d’Etudes Spatiales,
  • ESRO1A - ERSO1B, ESRO2A - ESRO2B, HEOSA1-HEOSA2 pour l’European Space Rechearch Organization,
  • INTELSAT3 - INTELSAT4 (en partie),
  • SYMPHONIE1- SYMPHONIE2 pour le consortium franco-allemand,
  • METEOSAT,
A côté de ces générateurs opérationnels utilisant des cellules solaires au silicium, la SAT a fourni des panneaux équipés de cellules au sulfure de cadmium déposées sur un film souple qui préfiguraient les solutions plus modernes envisagées dès cette époque.
La réalisation de ces nombreux équipements, nous a obligé à concevoir, réaliser et entretenir des simulateurs solaires pour mesurer le rendement des piles unitaires (2cm x 2 cm) :
  • entretien du simulateur de référence X25
  • mise en place d’un flash surpuissant pour « éclairer » toute la surface d’un panneau solaire (contrôle avant mesure au soleil),
  • réalisation d’étalons secondaires pour contrôler les équipements ci-dessus.
La qualification exigée par les clients nous a conduits à multiplier les essais et les mesures. Citons par exemple :
  •  mesures de magnétisme résiduel de l’ordre de 1/10 de gamma pour le satellite HEOS dans une ferme isolée à BOISSY-MAUVOISIN (78) puis au CNRS de GARCHY (57),
  • mesures après irradiations par des électrons de haute énergie (>1MeV) au CENG,
  • mesures après irradiations par des protons de basse énergie à la faculté des sciences de STRASBOURG,
  • mesures à différentes longueurs d’ondes au CEA à CADARACHE,
  • mesures après soumission à des cycles thermiques (-175°C- 75°C pour SYMPHONIE) nous obligeant à gérer un réservoir d’azote liquide de 5000 litres),
  • mesures de rendement (recette client) réalisés sur la terrasse du four solaire d’ODEILLO (66),
  • essais de tenue aux vibrations et au vide thermique réalisés soit à l’AEROSPATIALE à CANNES (06) soit au CNES à TOULOUSE (34) soit encore à la SOPEMEA à ISSY LES MOULINEAUX (92) ou BRETIGNY (91).
Les essais, souvent programmés à la dernière minute, généraient des problèmes de transport ; on utilisait de préférence le train auto-couchette afin de réduire les déplacements routiers. En effet, à la suite d’un accident survenu lors du transport par la route d’un satellite ESRO1 complet, qui avait été très endommagé, les tarifs des assurances désormais indexés sur le coût des équipements transportés devînrent prohibitifs : rappelons qu’un bras du satellite SYMPHONIE « coûtait » 250 MF !
Les grèves de 1968 : C’est en mai 1968 que devait être livré le générateur solaire du générateur, modèle de vol, du satellite HEOS A1. Les locaux du 16 et du 32 rue CANTAGREL étaient occupés par les grévistes qui refusaient de laisser sortir les caisses contenant le générateur. Il fallut beaucoup d’effort et surtout beaucoup de salives pour convaincre les responsables syndicaux. Mais on finit par trouver les bons arguments et le client fût livré dans les délais prévus. Mais que d’agitation !
 
Les filtres mécaniques
Après les dernières réalisations spatiales destinées au satellite français METEOSAT, le groupe 12, auquel j’appartiens toujours, est chargé de la réalisation de prototypes de filtres mécaniques visant la suppression des bobinages. Pendant que les études « électriques » se poursuivent ailleurs, il faut mettre en place de nouveaux appareils :
  • four de recuit sous vide (10-5 torr) à 600-800°C,
  • rectifieuse sans centre de grande précision (0,1 μm),
  • laser d’usinage mono/multimode de grande précision pour forer des trous de diamètre 0,2 μm dans l’extrémité d’un barreau de ferrite de diamètre 0,4 μm,
  • dispositifs d’ajustage en fréquence (par meulage d’une extrémité) d’un barreau de métal invar de diamètre 4,5 mm.
La mise en œuvre de certain de ces équipements, en particulier l’utilisation du laser nécessitèrent des formations sur place ou en stages extérieurs.
Ces activités furent arrêtées après la sortie des premières maquettes par suite de la décision du CNET d’abandonner les équipements de transmission analogiques et de miser complètement sur la transmission et la commutation numériques.
A cette époque (1978) l’équipe de monsieur MERY spécialisée dans l’étude et le développement des circuits à couches épaisses déposées à travers écran de soie intègre le groupe 12. Celui-ci s’implique alors de plus en plus dans l’étude des fibres optiques.
 
Les Fibres optiques (F.O.)
Dés 1975 nous avions réalisé les premiers essais de transmission de signaux logiques. Entre juin et octobre 1978 MM. SERRE et moi-même effectuèrent 8 déplacements au CNET à LANNION pour se familiariser avec les mesures de caractérisation des F.O. De retour, nous avons entrepris la mise au point des bancs de mesure correspondants :
  • réalisation des coupes aux extrémités,
  • mesure de l’affaiblissement,
  • mesure de l’ouverture numérique,
  • mesure de la bande passante,
  • analyse vidéo en champ proche d’une F.O.,
De février à avril 1979, un nouveau stage au CNET concerna la fabrication des F.O.
M. ROGER, partant en retraite fût remplacé par M. BERNIERES. Le laboratoire tenta alors de maîtriser tout ce qui concerne fabrication et mise en œuvre des F.O. Il procéda à l’évaluation des F.O. disponibles sur le marché (CORNING, QUARTZ & SILICE), des différents types de connecteurs mono et multi-fibres, des différentes méthodes de raccordement (soudure, épissure mécanique, etc., )
A la fin de l’été 1980 avec l’assistance d’une équipe des « chantiers », des liaisons par F.O. entre deux caméras de surveillance et le P.C. furent installées au Centre d’Essais des Landes près de BISCAROSSE (33).
Le 31 décembre 1980, la SAT reçut la notification du marché de câblage de BIARRITZ (64). Les activités se recentrèrent alors autour de ce projet :
  • caractérisation des différentes évolutions des F.O. fabriquées par F.O.I.,
  • suivi de l’évolution des connecteurs (SOURIAU, SOCAPEX) jusqu’à l’obtention d’un produit commun retenu pour le projet, puis surveillance de la qualité des pièces livrées,
  • achat et mise en place dans un local climatisé d’un monochromateur (JOBIN-YVON) pour définir la longueur d’onde des émetteurs retenus,
  • mise en place à la câblerie de RIOM d’un banc de mesure pour le contrôle des F.O.,
  • assistance à la formation des personnels assurant le montage des connecteurs à MONLUÇON, à RIOM puis aux équipes des « chantiers » à BIARRITZ. Le responsable du chantier de raccordement des F.O. M. CHEVALLEREAU, victime d’un accident de la route, disparaîtra en juin 1984.
L’activité du groupe se poursuivit par la caractérisation des nouvelles F.O. monomode apparaissant sur le marché ainsi que des connecteurs correspondants. Divers équipements destinés à les raccorder par soudure avec des pertes minimales furent évalués ainsi que des appareils de rétro-diffusion destinés à vérifier la qualité de ces soudures.
Après avoir réceptionné les fibres monomode fabriquées par F.O.I., le laboratoire assiste les « chantiers » de la liaison LE MANS-LA FLECHE (LE MANS - ROEZE sur SARTHE en ce qui concerne la SAT) afin de contrôler la qualité des soudures réalisées.
Après les réorganisations successives, je poursuivis mes activités dans ce domaine avec moins de motivation. Finalement je fus licencié fin septembre 1988 après 35 années d’une carrière intéressante et bien remplie.

A côté de ces activités constamment orientées vers les technologies du lendemain, je dois dire que j’ai réalisé une véritable œuvre « littéraire » ! A partir d’octobre 1975, j’ai rédigé la totalité des notices (29) des machines à câbles, fournies par la câblerie de RIOM, pour la câblerie d’OZAROW et supervisé leur traduction en Polonais : celle de la « ligne » THERMASAT, la plus importante, comportait 10 volumes. Cette parenthèse dans ma carrière se termina en décembre 1977 par la recette de la documentation lors des essais en production de cette câblerie. 

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