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Contribution de 35 - Raymond MATICHARD

 Contribution de Raymond MATICHARD

 

Discours de M. Lamelot lors de son départ à la retraite (1990)
 
Mesdames, Messieurs, Mon cher Président, Mes chers amis,
 
Merci d'être venus si nombreux pour cet au revoir, et merci pour les paroles excessivement élogieuses de notre Président ; paroles que je reçois avec émotion, avec plaisir, mais aussi avec un peu de tristesse.
Il y a près de 45 années que j'ai fait le choix du métier d'ingénieur, et ce choix est un peu le fait du hasard et des circonstances car j'aurais, par vocation, dû choisir :
·         l'enseignement, où j'exerçais depuis cinq années et j'avais le goût de la pédagogie,
·         la profession d'avocat, car j'avais le goût de persuader et de convaincre,
·         le théâtre, car j'aimais et j'avais le goût de la gesticulation.
J'ai donc choisi le métier d'ingénieur, c'est-à-dire une voie de facilité car, dans un premier temps, il suffisait d'acquérir quelques diplômes. Plus précisément, j'ai choisi le métier d'ingénieur électronicien car les augures, à cette époque, conjecturaient un grand développement de l'électronique. Mais j'ai découvert que l'art d'enseigner, celui de persuader, de convaincre et de gesticuler, étaient incontestablement des atouts maîtres pour placer l'ingénieur sous le signe de la réussite.
Les temps ont changé, les responsabilités ont pesé, mais je crois que beaucoup peuvent témoigner que ce métier d'ingénieur, je l'ai généralement exercé dans la joie, souvent dans l'allégresse, quelquefois dans la jubilation avec, peut être, trop d'insouciance, d'indépendance et d'optimisme. J'ai dit « indépendance» car j'ai le souvenir d'un mot de Mr Boulin, assez récent, qui disait: « Lamelot a toujours fait ce qu'il a voulu ». Je n'ai pas pris ce trait pour un reproche, l'indépendance que j'ai eue étant la marque de la confiance que m'apportait M. Boulin.
 
De l'allégresse, et bien il y avait de quoi ! En 1949, aux établissements Jean Turck, il y avait une cinquantaine d'ingénieurs de moins de trente ans. Mr Turck nous proposait sans vergogne de remettre en question les équations de Maxwell si elles faisaient obstacle à notre créativité.
À cette époque, avec la société ECA, on étudiait les premiers systèmes inertiels de pilotage des futurs missiles. Les missiles, on les faisait voler et atterrir au-dessus de la baie de Pampelone, pilotés depuis l'avion lanceur et depuis le sol. On avait inventé pour cela la télémesure parlante. Certains se sont égarés dans les vignes ...
Dans le même temps, on simulait des trajectoires planes de collision, dans la cour de Cachan, au moyen d'une Rover équipée d'un autodirecteur à tête mobile !
Plus tard, on étudiait un tube convertisseur d'image chargé de fournir, sans dispositif mécanique, l'écartomètre d'une cible. Ça, ce fut une erreur car les systèmes d'écartomètre mécaniques inventés par M. Pierre Bézerie ont atteint un tel degré de perfection qu'ils ont fait le renom et le business de la SAT pendant de longues années avec Milan, Hot et Roland.
Et puis, plus tard, le R530 ; une aventure pour la SAGEM et pour la SAT : gyroscope intégré, l'azote liquide, les roulements qui grippent, les IR-dômes qui cassent, les préamplificateurs qui bruitent, le VIR3, le tellurure de plomb, l'antimoniure d’indium, les nuits blanches. Cher Mr Dorbec, cher Mr Amiot, vous souvient-il ? À Colomb-Béchar, le cher Hebel de Matra sautant de joie comme un cabri après le premier tir réussi et le cher Baudot : son jour de gloire quand le champagne coulait dans les IR-dômes. Et puis bien d'autres aventures.
 
Et maintenant, en 1990, l'infrarouge a conquis ses lettres de noblesse. La SAT y a pris la place qu'elle méritait, la place que vous avez tous méritée.
 
Maintenant, vous allez relever les défis de l'optronique de demain. La tâche sera rude. Pour y parvenir, vous avez des armes :
·         l'humour,
·         la joie de la réussite,
·         l'imagination des jeunes ingénieurs,
·         le goût du travail en équipe.
Vous y parviendrez. Et vogue le navire. Vous allez faire un beau voyage !
De la rive, je vous encourage du geste et de la voix.
Mais vous ; ne regardez ni les lumières de la rive, ni le ciel constellé, gardez votre regard obstinément fixé sur les tableaux de bord, carnet de commande, chiffre d’affaires et résultats.
 
Au revoir, bon vent.
 

 


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